Ma femme, nue, regardant son propre corps devenir escalier, trois vertèbres d’une colonne, ciel et architecture
Salvador Dalí, Ma femme, nue,egardant son propre corps devenir escalier, trois vertèbres d’une colonne, ciel et architecture
1945, huile sur toile, 61 x 52 cm
Collection privée
© Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí © Adagp, Paris, 2020 - Photo © Bridgeman Images
Une œuvre aux multiples références
La Vénus de Milo, fameuse statue du Louvre, fait depuis longtemps partie de la mythologie personnelle de Dalí. Nue jusqu’à mi hanche, elle fascine le peintre. Est-ce ce début de fesses, pudique et pourtant si érotique qui le trouble tant ? En retournant la pose, il affirme plus que jamais la sensualité du modèle, d’autant qu’il s’agit ici de sa femme, Gala. Le buste fait évidemment penser aux baigneuses de Ingres, ou à la fameuse photographie de Man Ray, dont le dos féminin dessine un violon.
Devant Gala, une autre image d’elle se transforme en escalier. Hormis ce détail, le tableau ressemble presque à l’étude préliminaire d’une oeuvre classique.
Dalí et Gala, un amour inconditionnel
Epousée en 1934, Gala est la femme de Dalí, sa muse, son double féminin. Ce dernier lui voue un culte grandissant. « J'aime Gala plus que ma mère, plus que mon père, plus que Picasso et même plus que l'argent », dit-il. Au fil des ans elle devient une image obsessionnelle, qu’il élève progressivement au rang d'icône intouchable, de déesse. C'est elle qui encourage le retour du peintre au classicisme.
En 1969, il lui offre le château de Pubol, dans lequel il s'enferme après sa mort en 1982, complètement déprimé.
Dalí et la Renaissance italienne
Pour Dalí, en dehors de Picasso, Vermeer et Velasquez, les grands génies de l'art sont tous issus de la Renaissance : Le Greco, Léonard de Vinci, Raphaël. Dès les années 1930, il s'inspire de ces grands maîtres et a recours à la perspective, alors abolie par les surréalistes. Un séjour en Italie en 1936 accentue son intérêt pour l'art de la Renaissance. Mais c'est véritablement au cours des années 1940 que cet intérêt se mue en passion inconditionnelle. Comme les maîtres italiens du XVIe siècle, il réalise de nombreux dessins préparatoires, soigne sa technique, son rendu des chairs et du modelé.